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Famille Bost - Tableau des 8 génération de 1702 - 1884 (p. 16 à 52)

Suite de Les Bost formant notre famille

Avis au lecteur :
Ces livres étant en piteux état et renfermant de précieux renseignements familiaux, je vais m'attacher à les "recopier" (aussi fidèlement que possible, avec les signes ou la ponctuation voire encore les quelques fautes d'orthographe employés par Anna Bost) afin qu'il en reste une trace visible pour les descendants de la famille.
Presque tous les articles sont présentés en "citation" (barre grisée sur le côté gauche de la page) et tous les numéros de pages référencés au fil du texte sont bien évidemment les numéros de pages des livres de Mlle Anna Bost.
Certaines pages, ne pouvant être "mises en page" ici, ont été retranscrites sous traitement de texte, transformées en PDF puis une image de chaque page a été réalisée afin que la disposition d'origine soit respectée.[1]

Pages 16 à 52 (photo incluse page 19, page 20 totalement vierge)

1702.- Jean-Laurent Bost de Beaumont diocèse de Valence (Dauphiné. France) arrive à Genève (p.11)
1727.- Jean-Laurent Bost son fils, arrivé à Genève avec lui en 1702, né sans doute à Beaumont [2], obtint la bourgeoisie de Genève en 1727 & épousa le 16 Novembre de la même année Marie-Madeleine Fuzier
1733.- François-Laurent Bost, 1er Bost né à Genève, le 21 Avril, épouse le 9 octobre 1757 Jeanne-Madeleine Gande de St Marcelin
1764.- Jean-Pierre-Marc Bost né à Genève le 25 mai, épouse le 20 août 1786 Marie-Anne-Perrette Perron (p. 12.54-56). Voir les "Mémoires de A. Bost" Vol. II. p. 223.
1790.- Paul-"Ami"-Isaac-David Bost né à Genève le 10 juin épouse le 24 août 1814 Jeanne "Jenny"-Françoise Pattey (p. 59)
1815.- Jean-"Augustin"Bost né à Genève le 3 juillet, épousa le 3 septembre 1842 Louisa Faul (p. 67)
1845.- Jean-Louis-"(Ludwig)"-Augustin-Salomon Bost, né à Templeux le 13 Décembre, épouse le 12 Novembre 1874 Mary "(Polly)" Shaw (p. 67)
1884.- "George"-William Bost (fils d'Ashton Bost) né à Paisley le 12 juin (p. 88).

De ces 8 générations, il en est trois, les 3 premières sur lesquelles on ne sait rien ou presque rien.- Quelques personnes croient savoir que le 3e c.à.d. François-Laurent Bost s'était fait jardinier, mais ils n'en sont pas sûrs !- Les quelques détails connus par la génération actuelle sur la 4e, sur Jean-Pierre-Marc Bost & son épouse Marie-Anne-Perrette, nous les devons à une amie de la 5e & 6e génération, Mlle Marie Privat, qui, sous forme de lettre adressée à un des nombreux fils de Mr Ami Bost, a raconté ses souvenirs d'enfance concernant l'aimable chantre de la Madeleine (p. 13 & 56).-

Emprunté au récit de Melle Marie Privat (p. 17) amie de la famille Bost et écrit à Mr Théodore (p. 91) ou à Mr Timothée Bost (p. 88), auquel elle donne le titre de cousin, par amitié.
Cher Cousin
Oui c'est bien moi que vous aviez vue dans le temps, dans une petite boutique, au bas du Terraillet, abritée par les antiques dômes de notre ville de Genève.- Là, j'avais été confiée à ma tante Goellner comme apprentie dans son petit commerce. Je sortais alors de l'école tenue par votre tante Amélie Bost (p. 56 & 58). C'est votre grand-père "Jean-Pierre-Marc Bost" (p. 13 & 56) qui nous avait enseigné à écrire, à ma sœur Christine & à moi. Il nous apprenait aussi le chant de quelques psaumes. A cette occasion notre mère nous avait raconté comment c'est à lui que notre ville était redevable de l'amélioration obtenue dans le chant sacré ! Il réunissait toutes les personnes douées d'une voix juste & belle, sans égard à leur position sociale. Ses répétitions étaient de véritables concerts & développèrent parmi nous le goût de la musique vocale.- Il était chantre à la Madeleine et habitait alors les Pâquis. C'est vers ce but que nous dirigions le plus volontiers nos promenades, éprouvant un vrai bonheur chaque fois que nous posions le pied sur le pont de fil de fer qui existait alors à la porte de Cornavin & de l'extrémité duquel on dominait le chemin qui conduisait à la maison Bost, puis le grand pré vert où paissaient chèvres & moutons.
C'était un vrai plaisir que d'aller chez vos grands-parents "Bost-Perron" ; ils recevaient avec tant de bienveillance ! Ils avaient un petit jardin, dans lequel nous descendions en passant près des gentilles poules.- Nous avions la permission de cueillir des groseilles & même de faire des bouquets d'œillets ; il y en avait de si beaux !- Parfois en longeant les petits sentiers, nous avions le plaisir d'y rencontrer votre grand père, une violette à la bouche (traditionnel & authentique), car il avait trouvé moyen d'en avoir de fleuries presque en toutes saisons. Dans ce jardin, près du petit escalier conduisant à la cuisine si proprette, s'épanouissait une fleur de la passion dont nous admirions la corolle & tous les détails que votre grand'mère nous expliqua.- C'est dans ce jardin aussi que pour la première fois, j'osai parler à votre père "Ami Bost (p. 59) un jour qu'il y était venu avec quelques-uns de ses enfants.- Il demeurait alors au Pré-l'Evèque & notre père, ami du vôtre, nous y mena quelques fois.- J'étais alors trop jeune encore pour comprendre tout l'esprit de ses saillies intéressantes ; cela vint peu à peu & nous devînmes dans la suite, de grands amis. Un dimanche dans ce jardin du Pré-L'Evèque il ébranla le prunier de son jardin pour la petite troupe des enfants Bost & Privat. C'était la 1re fois que je me trouvait à pareille fête & je me souviens que la première prune tombée près de votre frère John (p. 72) il voulut absolument la partager avec moi.
Le petit magasin dont vous avez souvenir, était alors le rendez-vous de votre digne grand'mère (p.56) femme si intelligente & au jugement si prompt. Ses conversations avec ma mère attiraient mon attention & me captivaient. Ainsi, il me souvient qu'un jour elle raconta comment par une circonstance fort singulière, elle fut dépositaire des clés de notre ville de Genève, en........... [3]. J'ignore les détails qui se rapportent à ce fait, mais elle le mentionna avec un sérieux qui prouve qu'il avait dû réclamer la plus grande prudence de la part de votre aïeule.
Un autre jour elle raconta que pendant une nuit d'hiver en........... [4], il avait fait un froid si intense, que la descente des Pâquis était couverte de verglas. Votre grand-père homme actif & matinal étant l'un des premiers à voir le danger qu'il y avait là pour les piétons, alla commander de verser plusieurs tombereaux de sable le long du parcours.- Or, les autorités de l'endroit, n'ayant pas été consultées à ce sujet, furent fort surprises de se voir ainsi devancées & très fâchées en apprenant que Mr Bost avait fait la chose de son chef & sous sa seule responsabilité.- On fit sentir au dévoué Citoyen qu'il avait eu tort d'agir ainsi. "Et" ajoutait votre grand'mère, "c'est l'honorabilité seule de mon mari, qui nous a tirés de ce mauvais pas ; mais nous avons passé par de terribles angoisses".
Le temps vint, où ces causeries commencèrent à se rapporter aux circonstances de votre famille.- On cherchait une place pour votre frère Paul (p. 82), puis un nouvel apprentissage pour John qui ayant éprouvé de trop grandes fatigues dans un magasin de toilerie (chez MM. Eymar) entra chez un gainier Mr Maerz (p. 72) où il fit de jolis ouvrages en cartonnage.- Qui sait si ce souvenir ne lui fut pas utile lorsque plus tard il réussit à former au travail ses pauvres protégés de Laforce ?
Votre aïeule, Grand'Maman Bost-Perron, dans ses préoccupations en vue de l'avenir de ses petits-fils, désirait que chacun d'eux eut une bonne place au soleil ! Il parait qu'elle n'avait pas de préoccupation au sujet de votre frère Augustin (p. 67) qui probablement suivait déjà alors ses études préparatoires en vue du ministère ; mais elle s'inquiétait quelque peu des débuts de votre frère Ami (p. 75) déjà en Ecosse à cette époque, & dont le travail dans la suite fut merveilleusement béni.
Etienne (p. 79) aussi très intime de mon frère Paul, malgré ses dons remarquables pour la musique, se consacra aux saint ministère, ministère hélas trop court puisqu'il devait être si tôt enlevé à l'affection de sa famille & de ses amis. Il venait souvent dans notre famille & eut même la bonté de donner à ma sœur Christine quelques leçons de piano.
En 1832 se préparait pour vos grands-parents une circonstance qui devait ôter bien du charme à leur existence, leur fille Amélie fut demandée en mariage par Mr Narbel (p. 56 & 58) qui habitait Neuchatel. Il fallut donc se résigner à rester aux Pâquis sans cette chère & précieuse fille.- La sœur de cette dernière habitait alors Bayonne, elle avait épousé le pasteur Pyt (p. 56 & 57) qui remplissait là les devoirs d'Evangéliste & auquel avait été confié tout jeune encore celui qui devint plus tard le zélé missionnaire Casalis.- Plus tard Mme Pyt-Bost devenue veuve vint auprès de ses vénérés parents & se consacra entièrement à eux.
Grâce à nos fréquentes visites aux Pâquis & aux apparitions chez nous de votre respectable aïeule, nous étions au courant de ce qui les intéressait le plus directement. Elle nous apprit successivement la naissance de ses deux petites filles Narbel-Bost en 1834 & en 1835 : Louise qui fut institutrice (p. 58 & 98) & vint terminer ses jours auprès de sa sœur à Genève en 1866 (p. 98), puis Marie (p. 58 & 99) qui épousa mon frère Ami en 1863.- Le cadet des enfants Narbel, fut le charmant enfant devenu Mr Henri Narbel (p. 58 & 101), actuellement pasteur à Cour près Lausanne.
Mais aux Pâquis, les vénérables solitaires se faisaient vieux.- La grand'maman a perdu l'ouïe & elle craint pour l'avenir ! Son cher mari a perdu la vue ; on doit bientôt lui faire l'opération de la cataracte.- Dans ces circonstances mes parents eurent le privilège de pouvoir offrir l'hospitalité au digne vieillard pendant le temps nécessaire, et eurent aussi la joie d'assister à une bonne réussite de l'opération.- Rien n'était plus touchant que l'aimable caractère du vieillard.
C'est peu après cette époque, que Mme Pyt-Bost devenue veuve en 1835 (p. 56 & 57) vint s'établir auprès de ses parents.- Oh ! qu'elle savait donner du charme à ce modeste intérieur ! Et le bon grand-père Bost, moins privé que sa compagne des rapports sociaux, était toujours de si belle humeur !- Au reste... il l'avait déjà dès longtemps demandé à Dieu, désirant ne jamais devenir pénible à soigner comme l'avaient été les 4 vieillards que sa femme & lui avaient eu chez eux, à leur charge, après leur mariage, savoir : ses parents à lui, Mr & Mme Bost-Gande & les parents de sa femme, M. & Mme Perron (p. 16), atteints de paralysie les uns après les autres & tous pénibles de caractère.- Tandis que lui, notre cher ami Mr Bost, cet homme serviteur de Dieu, il avait été exaucé & c'était un bonheur que de s'occuper de lui.
Un jour d'hiver, le sachant bien malade, nous partîmes pour les Pâquis, ma tante, ma sœur & moi. Nous arrivâmes à 8 h du soir. Votre grand"mère au lit dans son alcôve était souffrante, sourde & aveugle, ne pouvant même pas s'associer à ce qui se passait non loin d'elle. On avait avancé le lit du grand'père jusqu'au milieu de la chambre, et auprès de lui se tenait son gendre, Mr Narbel (p. 58)
Nous nous plaçâmes à une distance de ce vénérable ami dont la respiration était devenu un peu difficile & accompagnée d'un mouvement convulsif. Nous eûmes d'abord la pensée de lui chanter un verset de psaume, mais son oppression augmentant, nous gardâmes le silence. Alors son gendre lui adressant la parole dis : "Mon père, vous allez passer par la vallée de l'ombre de la mort"... "Il n'y a point d'ombre de mort pour moi, Christ est ma lumière !" répondit le mourant plein de foi !- Enfin le moment arriva où son âme s'envola, et nous pûmes en esprit l'accompagner comme si nous le voyions entre dans les Cieux. C'était en Septembre 1843.-
Il était 10 h lorsque nous quittâmes cette demeure bénie ; une neige immaculée recouvrait le grand pré des Pâquis, la lune presque dans son plein inondait de sa paisible lumière tout ce qui nous entourait & le ciel sans nuages attirait nos regards comme si par là nous devions pénétrer dans les demeures éternelles.
Cette demeure des Pâquis, jadis le foyer d'une nombreuse famille n'avait plus pour hôtes que 2 veuves : la grand'maman bien infirme & sa fille Mme Pyt.- Quelle perspective pour cette fille dévouée !.... Alors une idée subite se présenta à son esprit : "Si je pouvais" se dit-elle, "transporter ma mère jusqu'à Neuchatel, chez ma sœur ! Nous serions ensemble pour l'entourer de nos soins !" La chose ne paraissait pas impossible & votre tante essaya d'en parler à la pauvre grand'mère toujours de si triste humeur !- La proposition fut acceptée avec plaisir & tout s'arrangea bientôt pour le départ.
Votre tante eut l'idée lumineuse d'emporter avec elle, une petite pendule dont le son était le seul qui put encore parvenir nettement aux oreilles de la chère infirme. Le voyage se fit très bien & aussitôt arrivée, Mme Pyt procéda à l'installation de la digne octogénaire & fit placer la pendule dans la chambre destinée à sa mère. A peine cette dernière fut-elle bien arrangée dans son lit que la pendule se fit entendre !- Oh ! quelle surprise, quelle joie & quelle reconnaissance en percevant ces sons familiers ! Aussi, à partir de ce jour, votre chère aïeule fut-elle contente de tout ce qu'on fit pour elle.- Et certainement l'état paisible dans lequel on la voit alors, était une bénédiction d'En-haut & comme une œuvre silencieuse du St Esprit.
Vers cette époque le missionnaire Lacroix vint à passer à Genève. Parmi les nombreux auditeurs qui assistèrent aux réunions qu'il tint, se trouva votre frère Samuel (p. 77) qui fut tellement remué par ce qu'il entendit que de ce moment il prit la décision de devenir missionnaire ou pasteur.- Après le départ du missionnaire Lacroix, nous réunîmes une fois par semaine plusieurs jeunes demoiselles désireuses de faire des ouvrages au profit des missions.- De ce nombre était aussi votre sœur Marie (p. 81).
Vous demeuriez alors à Plaimpalais au chemin des Savoises où nous allions vous voir quelques fois. Je retrouve nettement dans mon souvenir la tête blonde de votre frère Elisée (p. 94) entourée de boucles blondes & soyeuses. Il fallait qu'à cette époque il fut bien timide, car votre père le surprit un jour derrière lui, baisant le pan de son habit parcequ'à ce moment-là il n'avait pas osé faire plus.- Ce même Elisée & sa charmante femme passèrent en 1871 quelques jours auprès de leurs parents à Laforce.
L'hiver 1842-1843 votre père organisa chez nous des réunions de prières qui eurent lieu à 6 h précises du matin. Il amenait presque toujours avec lui quelques-uns de ses enfants ou tel ou tel ami en passage à Genève.- Mais à cette époque les préventions du clergé genevois étaient loin de faciliter au pasteur Ami Bost son installation définitive dans notre petit canton & il fallut agir en conséquence (p. 59-66).
De là donc le départ de votre chère et & honorée famille pour la France.- Vous étiez attendus à Bourges... ... Hélas ! car celui de votre départ fut un moment pénible pour tous ceux qui vous aimaient.- Ce départ valut à parents & amis une lettre bien sympathique de votre bonne mère. Cette lettre était écrite à vos tantes Pattey (p. 117) qui permirent que nous en fissions une copie. En 1889, je crois, je la relus un jour puis j'allais voir votre frère Augustin pour causer un moment avec lui.- Et singulière coïncidence : "Oh ! Cette lettre" dit-il, "je l'ai lue il y a 3 jours !"-
Ce fut la dernière fois que je revis votre frère qui bientôt après, fut enlevé à l'affection des siens & de tous ceux qui l'aimaient.
Après votre départ pour Bourges, nous visitâmes assez souvent vos tantes Pattey. Elles habitaient au 2e étage de la maison Thil (p. 117 & 118) n° 6, anc. 32 de la Cité, et nous communiquaient toujours les nouvelles qui pouvaient nous intéresser au sujet de vos chers Bost. Ce fut chez elles que l'on fêta un soir l'anniversaire de votre frère John de passage à Genève. On distribué des versets de l'Ecriture Sainte & il lut à haute voix celui qui lui échut en partage en appuyant sur le mot souligné : "Apprenez de moi parceque je suis doux & humble de cœur". Matth XI.
Ce fut en 1860 que ma mère & moi allâmes lui faire nos adieux croyant ne jamais le revois ici-bas. Il allait quitter Genève après avoir été gravement malade chez le vénéré pasteur Gaussen où il avait été l'objet d'une grande sollicitude.- Grâce à Dieu, John Bost revint encore quelques fois dans notre ville pour nous entretenir de ses œuvres de Laforce.
Pour notre famille, de grands changements eurent lieu après votre départ de Genève. Le petit magasin fut un peu abandonné. Ma tante se retira d'abord & moi je fut appelée à aller me consacrer aux enfant de la paroisse de mon frère Louis dans un village au pied du Mont Taunus à 3 lieues de Francfort s/M. C'était à Dornholzhausen où des descendants d'anciens protestants s'étaient réfugiés lors de la révocation de l'Edit de Nantes. Et quand mon frère y fut appelé, la population était depuis 50 ans sans pasteur. Il était donc urgent de donner des soins particuliers à la jeune génération si peu développée intellectuellement.
Là à Dornholzhausen nous ne tardâmes pas à entendre parler du pasteur Bost. Nous en fûmes assez surpris, mais on nous dit qu'il avait exercé pendant un temps son fidèle ministère à Friedrichsdorf à une heure de là où nous étions. Il nous était très doux d'entendre parler de lui & de tout le bien qu'il avait fait dans les environs.
Après un certain temps passé à Dornholzhausen je dus revenir à Genève. Je passai par Neuchatel faire une petite visite à votre tante Narbel.
Bientôt mes parents allèrent s'établir à Pinchat% pour y vivre modestement à la campagne des rentes qu'ils s'étaient faites par leur travail & leurs économies. Mon frère Louis après plusieurs années de ministère en Allemagne, avait accepté un poste dans le canton de Neuchâtel ;- mais il tomba malade & il fallut aller le chercher pour l'installer à Pinchat sous le toit paternel. Il y mourut hélas au bout de 3 jours, âgé de 32 ans.%%
A cette époque, nous avions quitté la ville pour nous établir à Plainpalais ma sœur & moi dans une petite maison avec jardin. Et là nous avions pu transporter notre petit commerce.- Nous correspondions fidèlement avec vos cousines Narbel, qui ayant leur mère, n'avaient pas accepté avec soumission le second mariage de leur père (p. 58).
L'une & l'autre quittèrent la maison paternelle & choisirent la carrière d'institutrice. De temps en temps elles venaient passer leurx vacances chez nous. C'est ainsi que Marie fit la connaissance de mon frère Ami & qu'elle devint notre belle-sœur. Peu pratiques l'un & l'autre & tous deux sans fortune aucune, ils eurent bien de la peine dans leur ménage, surtout quand les enfant virent (p. 99). Ce fut chez Marie & Ami Privat que Louise Narbel vint terminer ses jours après une longue maladie (p. 98). Ce fut chez eux aussi que votre père passa quelques jours lorsqu'il revint à Genève en 1864 ou 65. J'allais le voir là un soir au moment où ils chantaient tous ce cantique dont les paroles & la musique sont de sa composition :

"Comme une tige légère,
"S'incline au souffle du vent,
"Ainsi mon âme ô mon Père
"Cède à ton contentement

"Je t'aime quoi que tu fasses ;
"Donne, ôte, rends & reprends ;
"Tous les ordres sont des grâces
"Pour tes bienheureux enfants.-

Enfin le moment vint où ma sœur Christine & moi eûmes à abandonner définitivement notre petit commerce pour nous consacrer entièrement à nos bons parents. Et ce fut dans leur modeste retraite de Pinchat qu'ils avaient un jour reçu la visite de votre frère John, à l'époque où ils avaient en séjour votre oncle & votre tante Pyt, de passage à Genève ; cela devait être entre 1830 & 1834 environ (?)
Quand nous vinmes nous établir auprès de nos parents, notre père avait déjà les premières atteintes du mal qui devait le priver de la parole bien avant son départ de ce monde.- Grâces à Dieu il conserva l'ouïe & put communiquer ses pensées au moyen de l'écriture. Jusqu'à sa fin il prit intérêt à tout ce qui se rapportait à l'Eglise, à la Patrie & à la famille.- La dernière chose qu'il entendit ici-bas fut ce cantique morave :

"Ame heureuse, reçois les adieux
"De ton Eglise & sa bénédiction...

Deux années après, notre mère aussi quitta ce monde. Avant de mourir elle eut encore la douceur de voir mon frère Jean Privat-Cassive & sa femme arrivés exprès du midi pour lui dire un dernier adieu.- Au moment de voir entrer ma belle-soeur elle lui tendit la main en disant : "Loïs ! Dieu te bénisse !... " & elle rendit le dernier soupir.
Marie Bost votre sœur, nous écrivait souvent, à ma sœur & moi. Dans une de ses lettres, daté d'Asnières-les-Bourges 1843, elle nous parlait des lectures bibliques que nous avions décidé de faire tous les matins à 7 h. Ce jour-là c'était le chapitre XVII de St Jean que nous devions toutes lire.- Elle nous disait combien ce chapitre l'impressionnait, surtout depuis qu'elle l'avait lu un jour à Gryon (Suisse) chez le pasteur Bertholet.- Elle terminait cette lettre le 19 Juillet en ajoutant encore...

"Je vous engage fortement à aller faire une visite à ma tante Pyt & mes tantes Pattey ; vous aurez alors la plupart des nouvelles d'Asnières, il vous semblera nous voir tous dans notre petit domaine.- Je vous remercie, chère Christine des détails que vous me donnez sur votre réunion de travail pour les MIssions ; comme vous avez eu le bonheur de voir Mr Lacroix, je pense que vous avez déterminé à qui vous destinerez le produit de vos ouvrages. Bien souvent le lundi je pense que si j'étais à Genève, je serais au milieu de vous.- Avez-vous pu tirer parti des petites choses que je vous ai laissées ?- Veuillez je vous prie saluer affectueusement de ma part toutes les demoiselles que je puis connaitre dans votre société.- Quand à moi je crois qu'il me serait impossible de former une société de ce genre ici, il n'(y a que des paysannes qui ne savent mas même bien coudre, mais bientôt nous allons former, Maman & moi une école de couture, il y en a bien besoin !-

Nous avons un triste temps, toujours la pluie, où s'il y a un jour d'intervalle c'est un soleil brûlant qui empêche de sortir. Hier cependant nous avons été à Bourges, Papa & moi, mais nous sommes revenues fondus & aujourd'hui nous sommes de nouveau menacés d'une terrible pluie ; je crois que vous avez à peu près le même temps, d'après ce qu'on m'écrit de Genève.

Papa & Maman vous font bien saluer tous& moi je vous embrasse de cœur, priant de saluer toute votre famille.

Que Dieu soit avec vous & vous bénisse abondamment. C'est de vœu de 11Signature_Marie_Bost_.JPG







Après la mort de nos parents, ma sœur & moi, nous reprîmes un petit logement à Genève ; c'était dans la maison même où demeurait le pasteur Guers, intime aussi de votre père (p. 59). Mais bientôt ma sœur fut appelée à être demoiselle de compagnie non loin de Genève, & moi je dus partir pour Mazamet en France (Dépt du tarn), pour m'occuper de 3 jeunes orphelins de mère. J'y passai 2 ans, après quoi on fit d'autres arrangements pour ces enfants.
A cette époque la famille de mon frère Jean (qui avait épousé une demoiselle Carrive p. 38), habitait Salles-Mongis-Card[5] non loin d'Orthez dans les Bses Pyrénées, où vivait le vénéré pasteur Carrive avec sa fille cadette qui avait une grande affection pour notre famille. Elle m'invita à aller les voir tous, & c'est grâce à cette circonstance que je revis votre frère Samuel alors pasteur de Salies.- Melle Carrive m'engagea à aller à Salies avec elle, & j'acceptai avec plaisir.
Nous arrivons & surprenons votre frère, le ci-devant missionnaire (p. 77), & je vous laisse penser quelle fut cette rencontre !- Samuel m'entoure de ses deux bras, & me donnant un fameux baiser, il s'écrie en roulant l'r de tout son cœur "Oh ! Marrrrie !" J'eu aussi une grande douceur à faire la connaissance de sa femme & à passer quelques heures avec elle & ses aimables filles (p. 164 & 165).-
Et, toujours dans ce même voyage, j'eus aussi le plaisir de faire la connaissance du jeune pasteur Léon Bost fils de Samuel & de voir sa jeune femme & leur premier enfant (p. 113).
Mais le moment vint où il me fallut dire adieu à tous ces chers amis Bost puis aux chers Privat-Carrive, pour retourner à Genève auprès de ma sœur. Nous passâmes encore quelques mois ensemble, après quoi une place me fut offerte auprès d'une dame anglaise Mrs Robertson qui cherchait quelqu'un pour son fils cadet devenu infirme à la suite de plusieurs maladies.
A mon entrée chez Mrs Robertson, je la trouvai disposée à faire une absence d'un mois environ avec quelques-un de ses enfants.- Elle me dit alors que je resterai à la campagne avec son fils malade & une demoiselle Bost (Clara p. 149) qu'elle me recommandait beaucoup en disant : "Il faut qu'elle jouisse d'un complet repos & que sa nourriture soit fortifiante !- C'était bien nécessaire en effet, car cette jeune personne avait fatigué ses nerfs par de trop consciencieuses études et sa santé en avait vraiment souffert.- Je fus très heureuse de me trouver ainsi d'une manière inattendu en rapport avec l'un des membres de votre famille.
Quand vint l'automne, Mrs Robertson se proposa d'aller passer l'hiver à Pau ! Or, je me souvenais que vos bien-aimés parents avaient habité cette ville & me proposait d'aller voir la maison où ils avaient demeuré Rue Montpensier. Un jour donc, à Pau je me mets en route pour trouver cette maison.- J'avais beau longer la rue à plusieurs reprises, je ne trouvais jamais que les numéros avant & après celui de la maison. J'y retourne plusieurs fois de suite les jours suivants & me décide enfin à demander à quelqu'un de m'indiquer la maison en question. Tout à coup je vois venir vers moi votre frère Samuel accompagné de sa femme pour laquelle il venait consulter un docteur. A ce moment-là il se dirigeait aussi du côté de la maison de vos parents pour la montrer à sa femme.
Samuel nous fit passer entre 2 maisons assez rapprochées l'une de l'autre, et derrière lesquelles, presque dans un jardin, une modeste petite demeure se présente à nos regards.- Au moment où nous y arrivons, étrange coïncidence.... deux personnages s'avancent & se dirigent de notre côté : c'est votre frère John & sa fidèle compagne !- Quelle surprise de part & d'autre !- C'était vraiment bien remarquable que nous nous rencontrassions ainsi au même moment, au même endroit & venant de lieux si divers, guidés par les sentiments de vénération & d'amour que nous conservions tous pour vos parents !-
Cette circonstance me rappela ces paroles de Jésus : "Il en viendra d'Orient & d'Occident, du Nord & du Midi qui seront à table dans le royaume des Cieux" Matthieu VIII, 11-12.
Et ici, comment ne pas se rappeler la réponse que fit votre vénéré père, le dernier soir de sa vie (mais alors que rien n'avait pu faire pressentir son départ si prochain) à sa petite-fille (Caroline Bost p. 155) quand elle vint le chercher en disant "Grand-papa, viens souper"- "Eh bien", lui dit-il "demain, je souperai avec Abraham, Isaac & Jacob"- Et en effet, le lendemain il se trouvait réuni à ceux que Dieux avait appelés de tous les bouts de la terre.
Après quelques temps encore de séjour à Pau, puis à Salles-Mongis-Card chez mon frère Jean (p. 38-42) je fus rappellée à Genève par mon frère Philippe afin d'être auprès de Christine dont la santé était devenue très précaire. Cette bien-aimée sœur mourut l'année suivante.

Chez Ami la maladie aussi était entrée dans la maison. Sa femme souffrante depuis longtemps allait de plus en plus mal, son départ approchait à grands pas.- Elle mourut laissant 3 jeunes enfants & je vins m'installer auprès d'eux. C'était en 1880 (p. 99 & 100)

C'est pendant son veuvage que mon frère Ami eut la visite inattendue de votre frère Timothée (p. 88), visite qui nous fit à tous tant de bien au cœur. Nous eûmes aussi un jour celle du fils aîné de votre frère Augustin, alors pasteur en Algérie (Ludwig p. 142), pour ne parler que de ceux qui avaient franchie une grande distance pour venir à Genève.
Mon frère Ami ne survécut pas longtemps à sa femme ; avant de quitter ce monde il put savoir encore que grâce à la générosité d'un parent, il serait pourvu pour plusieurs années au moins, aux besoins de ses enfants.
Au moment où je termine ces lignes, ces enfants sont déjà grands & en état de gagner leur vie.
Henri est en Amérique où il s'occupe d'agriculture (p. 99 & 100).
Louise est institutrice en Angleterre (p. 99 & 100).- Elle s'est mariée depuis que ces lignes ont été écrites.-
Léon est en Suisse à Zürich et fait un apprentissage de commerce. Il n'avait que 4 ans lors de la mort de sa mère (p. 99 & 100).-

Et maintenant, que Dieu veuille mettre sa bénédiction sur tous les membres des familles que j'ai mentionnées ici & nous donner à tous d'être un jour recueillis dans les tabernacles éternels.- Tel est le vœu sincère de

Cet arbre-généalogique, commence avec celui de nos ancêtres qui forcé par les persécutions religieuses quitta la France en 1702 comme beaucoup de Huguenots le firent vers la même époque, les uns s'en allant à Genève, d'autres en Allemagne, en Italie, en Belgique, en Angleterre, en Amérique etc.- Quelques-uns étaient pauvres & n'avaient pas grand'chose à abandonner, d'autres occupaient une bonne position.

Le Midi de la France, le Dauphiné, les Cévennes etc., possède un grand nombre de ruines d'anciens châteaux abandonnés par les Huguenots dans leur fuite. Quelques familles ont pu emporter & sauver certains papiers importants... d'autres n'ont rien pu conserver !-

Ceux qui avaient tout abandonné, tout perdu,- on cherché à se refaire une position honorable, et lucrative autant que possible.

Quant à nous, celui de nos ancêtres parti de France en 1702 il avait dû tout quitter dans sa fuite & n'avait rien à donner à son fils,- celui qui naquit à Genève en 1733 s'était, croit-on, fait jardinier, celui de 1764, Jean-Pierre-Marc Bost était cordonner, puis maître d'école & chantre,..... plus tard d'autres se sont occupés de commerce, d'industrie, d'agriculture ; d'autres se sont adonnés aux études & ont choisi la carrière pastorale, la médecine etc.

Plusieurs sont rentrés en France. Et ceux qui se sont fixés en Suisse, en Angleterre, en Belgique, en Amérique etc. ils se sont attachés à ces pays qui les ont nourris & abrités pendant tant d'années, mais il se souviennent tous de leur patrie primitive, la France ; ils l'aiment & n'oublient pas qu'elle a été le berceau de leurs ancêtres.



A suivre Famille Bost - Tableaux généalogiques

Notes

[1] A noter également qu'en "double-cliquant" sur les photos, elles s'affichent en plus grand format.

[2] NDLR : né sans doute fin du XVIIe siècle

[3] NDLR "blanc" non complété

[4] NDLR "blanc" non complété

[5] NDLR qui s'écrit aujourd'hui Salles-Mongiscard

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